Exploration interactive d’un objet connecté à sa propre intériorité…
Installation interactive
Présentée à :
Festival Recto VRso de Laval Virtual (2024),
Colloque Drôles d’Objets (2023)
ENS Paris-Saclay (2023)
En collaboration avec Frédéric Bevilacqua, Anthonin Gourichon
Remerciements : Jean Hostache et Gregor Daronian pour les improvisations vidéos, crédit photo Anthonin Gourichon
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Un anti-objet connecté ?
Tsukumo-café est une tasse de café connectée… à son intériorité, à son âme apparue à l’âge de cent ans comme dans la tradition japonaise des tsukumogami-emaki. A priori elle n’a pas d’autre fonction précise que de vous servir à boire un café… à moins d’écouter son monologue intérieur et peut-être le relier au vôtre.
Alors que les objets connectés nous happent constamment vers un monde extérieur – réel ou virtuel – le paradoxe proposé dans l’installation Tsukumo-café est d’investir une expérience poétique et symbiotique avec un objet au langage mystérieux et singulier.
Un objet vivant ?
Un enjeu symbolique réside dans la considération de la nature de l’objet tasse. La dramaturgie repose sur l’idée qu’elle soit bien un être à part entière, qu’il s’agit d’entendre et d’écouter, plutôt qu’un objet interactif “animé” ou “enchanté”. Cette perspective de vitalisation quasi animiste permet d’interroger plus directement le rôle (ou l’absence de rôle) des objets dans notre quotidien, dans nos relations humaines et non-humaines.
Dans cette installation et dispositif, je remets donc en question le principe d’une interaction avec les objets trop exclusivement arrimée à des échanges de type question-réponse (comme c’est classiquement le cas pour les objets connectés tels Alexa ou autres avatars commerciaux). Je propose plutôt d’explorer la notion de dialogue intérieur comme moteur pour l’interaction.
L’ “être-tasse” d’une tasse de café ?
De là se posent une série de questions : quelle langue peut-elle bien parler ? de quels sens dispose-t-elle ? quel rapport au monde lui offre son corps de tasse, i.e. quel est son « Umwelt » (selon le concept de Jakob Johann von Uexküll) ? À l’instar des animaux de compagnie qui développent des névroses, au fur et à mesure de la fréquentation des mammifères névrosés que sont les humains, la tasse s’imprègne-t-elle aussi de certaines névroses ? Dans quelle mesure s’imprègne-t-elle de langues humaines qui habitent sa psyché de café ? A-t-elle entendu parler du Parlement des choses de Bruno Latour et qu’en pense-t-elle ? Et comment percevoir les manifestations d’une endophasie de tasse de café à l’œuvre ?
Descriptions de l’installation
Plusieurs dispositifs sont développés :
Dispositif 1
en collaboration avec Frédéric Bevilacqua
L’interaction consiste à boire un café. Au fur et à mesure des gestes permettant de le boire, se déploie et évolue le self-talk de la tasse, issu de voix et de sons d’environnements. Je considère qu’elle ressent ces gestes.
Un capteur de mouvement sans fil (accéléromètres/gyroscopes) est embarqué dans la tasse. Un patch Max/MSP permet de générer le texte de manière interactive.
Articles de presse (Ouest France, Blog Laval Virtual) sur l’installation durant le Festival Recto VRso de Laval Virtual (2024).
Dispositif 2
en collaboration avec Anthonin Gourichon
Le spec-acteur est ici invité à entrer en contact avec l’objet.
Je considère ici que la tasse ressent le toucher. Pour cela, on utilise des capteurs capacitifs, qui s’inscrivent dans la tasse. J’ai réalisé une broderie de cuivre, en m’inspirant de la technique du Kintsugi et de l’art de la dorure de porcelaine. J’ai alors conçu un espace sonore à partir de sons enregistrés avec la tasse.
Autres dispositifs, prototypes et capsules vidéos :
La cafédomancie permet de lire l’avenir dans le marc de café. À l’inverse, peut-on écouter le passé de ces tasses anciennes ? Quels souvenirs ont-elles gardé ? Quelles paroles les ont marquées, qu’elles continuent de contenir dans leurs psychés de café ?
Un micro piezo amplifie les sons créés par les gestes et les mouvement de la tasse.
Improvisation vidéo sur l’endophasie d’une tasse ancienne, avec les acteurs Gregor Daronian et Jean Hostache.